On constate de nos jours que, sur les réseaux sociaux, la plupart des personnes ont tendance à sombrer dans un cybermilitantisme d’apparat : il s’agit de retweeter ou reposter un sujet à la mode. Mais quelle est l’origine de ce militantisme en pantoufles ? Voyons cela ensemble !

Si les premiers soulèvements populaires voyaient se régler dans le sang des problématiques comme le droit de vote des femmes ou le droit du travail, de nos jours on pratique une forme de religiosité du cybermilitantisme : On sera pro-BLM en juillet, faisant sa B.A. en publiant un carré noir, puis contre la guerre en Ukraine en postant un drapeau bleu et or en février. Ces simples actes font alors de nous des héros, des pourfendeurs du « camp du mal ».

cybermilitantisme : homme avec une pancarte vierge au dessus de la tête

Sans avoir la moindre connaissance sur le sujet, ni la moindre légitimité pour en parler, chacun se croira obligé de s’ériger en donneur de leçon, dans une attitude hautement narcissique : mais pourquoi ? Quelle est l’origine du cyber militantisme ?

Cybermilitantisme : la culture du paraître

Déjà il faut constater que notre société, par sa numérisation, son américanisation des cultures, et sa mondialisation, a tendance à exacerber l’image sur tout le reste. Ainsi on jugera négativement un guerre commise par un ennemi du « monde libre », tandis qu’une autre, même plus brutale, ne nous posera aucun problème moral si elle est l’œuvre d’un membre du « camp du bien ».
De la même manière, les réseaux sociaux étant des cartes d’identité publiques, on jugera les autres à l’aune de ce qu’ils nous montrent et non plus de leurs actes. C’est ainsi que de nombreuses stars se permettront d’utiliser leurs fans comme une réserve de militants potentiels pour leurs avis politiques, et que, pareillement, les individus du commun auront le réflexe de s’adonner à la grande communion de la pleurniche universelle. Cet acte social n’est pas sans rappeler les deux minutes de la haine dans 1984 : il s’agit d’un acte quasi religieux, ayant vocation à unir les individus dans une haine dirigée vers un ennemi commun, réel ou imaginaire.

C’est ainsi que l’on verra les mêmes personnes, qui se sont jamais allées voter, fêter en grande liesse l’élection d’un président brésilien ou américain, en ayant découvert son existence dans TPMP ou au sein des publications de leurs réseaux sociaux ; on pourra donc se passionner pour la politique d’un pays dont on ne fait pas partie, qui ne nous concerne pas, dont on ne sait rien, et ne pas éprouver le moindre sentiment de ridicule.

Mais plus grave que cela, on assiste aussi à une commercialisation du cybermilitantisme : telle marque de t-shirts ou de slips usera avec des visées mercantiles de sujets à la mode pour vendre. On mettra son logo aux couleurs de l’Arc-en-ciel, sans se donner la peine de donner un centime ou de contribuer d’une quelconque manière à la cause LGBT, pour augmenter son référencement et se donner une image de marque « engagée ». On vendra des culottes menstruelles dangereuses pour la santé des femmes sous couvert de féminisme. On mettra en photo de profil un drapeau Ukrainien, et on se fendra d’un petit texte pleurnichard sur le conflit pour toute aide aux populations, tout en faisant fabriquer à l’autre bout de la planète des produits par des esclaves mineurs. Tout cela dans l’optique de vendre le maximum, comme un loup déguisé en un gentil cybermilitant : c’est un marketing basé sur l’idée que nous faisons plus confiance envers quelqu’un qui prétend avoir les mêmes idées que nous.

Une démarche orientée vers soi-même

Tout cela s’inscrit dans une recherche de valorisation : les individus qui tombent dans ces travers sont souvent très influençables, car ils n’ont pas bénéficié d’un développement suffisant de leur image d’eux-même et de leur fierté. Cherchant encore à plaire à leurs parents, à leurs proches et à se faire une place dans le monde, ayant peur d’être exclus, abandonnés, ou de devenir des parias, ils plient face à l’effet de masse. En vérité ils ne croient absolument pas, la plupart du temps, dans les causes qu’ils disent défendre. Ces causes ne sont qu’un prétexte : de gauche ou de droite, réactionnaire ou progressiste, tant que le sujet est à la mode, et s’impose avec violence et sans nuance, ils s’y adonneront. Car il est ici question d’être aimé.

Nous avons tous pu tomber, à certaines périodes de notre vie, dans un fonctionnement groupal, dans une adhésion passablement fanatique ou sans nuance : nous nous construisons à l’adolescence dans un raisonnement identitaire lié à l’idée de groupe. Il y a nous, et les autres. Aussi ne faut-il pas jeter la pierre à toute personne qui tombe dans ces travers, si immature soit-elle : tant que la personne n’est pas violente, il faut surtout comprendre qu’elle n’a pas pu bénéficier du développement émotionnel et identitaire qui lui aurait permis de se prémunir de ce besoin d’être acceptée. Il ne s’agit pas la plupart du temps, à mon sens, d’une nature intrinsèque mais d’un état ; état dont on peut se guérir si on accepte de travailler sur soi. Un enfant pas assez aimé, pour qui l’amour de ses proches a été conditionné à ses résultats scolaires par exemple, cherchera à tous prix à agir de sorte à être aimé ; à l’inverse un enfant trop chouchouté, couvé, laissé aux proies de ses caprices, sera incapable d’être réaliste, et visera à satisfaire son besoin de reconnaissance à tous prix. Les autres ne seront ainsi qu’un moyen de valider l’image délirante qu’il a de lui-même.

cybermilitantisme : photo d'une jeune femme chauve, devant son téléphone, dans le noir, éclairée par des néons

Le problème n’est ainsi jamais, bien au contraire, de se passionner réellement pour une cause et d’y consacrer du temps ! Ce qui est hautement critiquable par contre, c’est de feindre le militantisme, virtuellement, pour se donner une bonne image : j’ai personnellement plus de respect pour quelqu’un qui va servir de la nourriture à des sans-abris sur son temps libre sans en parler à quiconque, et par pure bonté, que pour un autre qui le fait simplement pour faire un joli post sur les réseaux sociaux ou une vidéo sur youtube. Tout acte de bonté se doit d’être désintéressé, orienté sur l’autre : la revalorisation de soi par le plaisir qu’on a à faire le bien n’est qu’une conséquence secondaire de nos actes, et non le but de ceux-ci. Je pense même qu’il faut avoir une éthique et une discipline personnelle quant à nos actes de compassion : en se forçant à n’en parler à personne, en cherchant à penser avant tout aux autres, sans vivre pour et par eux, on se protège contre son propre narcissisme.

Le cybermilitantisme, ainsi, n’est pour moi qu’un triste appel à l’aide, commis généralement par des individus qui souffrent de ne pas être, ou de ne pas avoir été, aimés pour ce qu’ils sont et qui cherchent à devenir un autre pour obtenir l’amour dont ils ont été privés.


Que pensez-vous du cybermilitantisme actuel ? Parlons-en en commentaire !

Si vous souhaitez travailler sur vous pour cesser de chercher dans l’autre l’amour que vous devez envers vous-même, contactez-moi dès aujourd’hui : je serais heureux de vous aider !

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