Je me suis toujours passionné pour l’étude des pensées Indo-Européennes, surtout en matière de spiritualité. Beaucoup d’idées sont profondément inspirantes dans nos mythes et contes fondateurs.
Le concept de la Volonté détachée me semble passionnant parce qu’il a l’air paradoxal de prime abord. Voyons cela ensemble.

La Volonté détachée : un lâcher-prise héroïque

la volonté détachée du chevalier

Dans l’œuvre mythique « Chevaucher le Tigre » de Julius Evola, l’auteur affirme que la volonté parfaite est celle qui est libérée de tout attachement aux résultats et aux conséquences de ses actions. S’inspirant de la pensée Indienne, il affirme que l’on doit tendre à une Action pure : tout en prenant en compte les conditions permettant d’accomplir la tâche que l’on s’est choisie, nous devons nous interdire de nous attacher à la soif de réussite ou à la peur de l’échec ! L’action est réalisée pour elle-même et non dans le but de la réussite ; Charles Péguy, en évoquant l’artisan, expliquait pareillement que le travail était en soi son propre couronnement. En effet l’ouvrier consciencieux porte la même attention au travail qui sera vu qu’à celui qui ne le sera pas, et quand il a parachevé un ouvrage, il reprend une autre tâche.

Pour ne pas sombrer dans l’analyse de Shopenhauer sur la condition humaine, pour qui l’homme oscille entre désir et ennui, une fois le désir assouvi, il convient de privilégier le devenir sur l’être, le chemin sur sa fin. En n’ayant plus d’appétit pour l’accomplissement, et en étant indifférent à la réussite ou à l’échec de nos actes, nous atteindrions un nouvel état : celui d’un heureux lâcher-prise.

C’est en cela que réside la Volonté détachée : dans un monde absurde, comme le défend Camus dans le « Mythe de Sisyphe », l’homme héroïque est celui qui abandonne l’illusion de la maîtrise de ce qui l’entoure. Nous ne pourrons jamais tout savoir ni avoir une emprise réelle sur le monde. Et ce n’est pas dramatique ! Face à cet état, on peut voir notre vie soit comme la punition de Sisyphe forcé éternellement de pousser une pierre en haut d’une montagne en sachant que cela n’a aucun sens, ou alors comme un magnifique terrain de jeu.

« Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile, ni fertile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux. »

Albert Camus, « Le Mythe de Sisyphe »

Le pacte faustien ou le désir obsessionnel

Le thème du pacte faustien, qui consiste à sacrifier un prix démesuré et irrationnel pour un obtenir quelque chose de temporaire ou pulsionnel (la passion amoureuse, la gloire, l’argent, le plaisir) me semble une image intéressante pour comprendre ce qu’une volonté focalisée seulement sur la réussite d’un objectif maniaque peut donner.

En effet, si l’on est prêt à tout sacrifier, non pour sauver les siens, ou pour un idéal, mais parce qu’on arrive pas à se détacher d’un désir déraisonnable, alors on finit comme Faust et toute personne qui, dans les contes, commerce avec le Diable : on se perd soi-même consumé par ce que l’on pense désirer. Prenons l’exemple de Tantale et Midas : tandis que le premier est incapable d’assouvir son désir, le second est damné par sa focalisation délirante sur son désir. Tandis que le premier voit le fleuve se tarir quand il tente d’y boire, et les fruits s’éloigner de lui quand il veut s’en nourrir, le second touche tout ce qu’il touche en or, et se retrouve ainsi privé de tout le reste.

Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés.

Charles Péguy, « Eve »
le pompier est un héros à la volonté détachée

La juste voie semble être celle du milieu : ne jamais tout sacrifier pour assouvir un désir, si grand soit-il ; mais tenter, chaque jour, d’apprendre le détachement, l’amour pour chaque détail de l’expérience sublime qu’est la vie, dans la tristesse et la joie, la souffrance et le plaisir.
Ce n’est que parce que nous nous convainquons qu’il est mal d’être mouillé que nous appelons la pluie un « mauvais temps ». Pourtant s’il faisait toujours « beau », nous vivrions dans un désert aride : nos désirs, quand on ne les analyse pas, sont parfois nos pires ennemis.


Je pense donc qu’il convient d’apprendre, petit à petit, à chérir la vie pour elle-même, et à apprendre le lâcher-prise. Car contrairement à ce que l’on pense, c’est dans ce détachement que se trouve l’action la plus pure.

Prenez rendez-vous aujourd’hui pour que nous discutions des moyens à mettre en œuvre pour que vous vous accomplissiez dans votre vie !


Conseils de lectures

  • « Chevaucher le Tigre » d’Evola
  • « le Mythe de Sisyphe » de Camus
  • la « Bhagavad-Gita » et les œuvres de la pensée indienne en général comme le Mahābhārata dont la Bhagavad-Gita est issue, ou le Rāmāyana