Etudions ensemble le courant de l’antipsychiatrie. Beaucoup de praticiens ont tendance à réduire leurs patients à des modèles : le psychanalyse ne voit que la « névrose » chez son patient, le psychiatre le réduit à un modèle pathologique… Face à ces visions caricaturales, plusieurs démarches me semblent plus humanistes.

L’antipsychiatrie : la psychiatrie, un modèle discutable

Le psychiatre Thomas Szasz , père de l’antipsychiatrie, fut l’un des premiers à remettre en question la vision de la psychiatrie de son temps : il a développé l’idée que la normalité ne serait pas une notion objective, mais qu’elle dépendrait de la société et de la culture dans laquelle nous vivons. Selon Szasz, il n’y aurait pas de « maladie mentale » au sens biologique du terme, mais plutôt des problèmes sociaux et émotionnels qui sont étiquetés comme des « maladies mentales ». Il a ainsi mis en avant que les descriptions des maladies mentales manquaient de scienticité ; loin d’être un déni de la maladie mentale, l’antipsychiatrie se veut un retour à la scienticité !

Selon sa vision, il existerait différents niveaux de réalité : la réalité physique objective des êtres et des objets, la réalité psychique des significations et valeurs attribuées à ces êtres et objets, et la réalité symbolique des croyances et des règles de conduite de la morale et de la religion qui orientent et limitent les significations et valeurs possibles de la réalité psychique.
L’autorité politique baserait son pouvoir sur la réalité symbolique, et sur une « réalité bureaucratique » selon laquelle tout ce qui est inscrit sur des documents officiels est considéré comme « réel ». Selon cette logique, les hôpitaux psychiatriques et les prisons seraient construits afin de réprimer tout comportement déviant ou toute structure mentale atypique.

Pour appuyer son propos, il a mis en place une expérimentation : des étudiants en bonne santé ont accepté de se prêter au jeu en se faisant passer pour des personnes atteintes de troubles mentaux. Ils ont été introduits dans un hôpital psychiatrique avec un « dossier médical » qui mentionnait leur « maladie« . Pendant leur séjour, tout le monde les a pris pour de véritables patients atteints de symptômes correspondant à leur « maladie officielle« , à l’exception des patients eux-mêmes.

Les concepts de rétablissement et d’empowerment

Le concept de rétablissement a émergé dans les années 1960 et vise à redonner le pouvoir aux personnes souffrant de troubles mentaux, leur permettant de retrouver une vie pleine et significative. Le rétablissement met l’accent sur la force et les compétences des personnes souffrant de troubles mentaux plutôt que sur leur pathologie ou leur déficience.

Il s’agit de tendre à une vision nouvelle, qui ne tombe ni dans l’aliénation absolue du patient qui se voit marqué au fer rouge un diagnostic définitif, ni dans l’idée d’une « guérison » ( qui reviendrait à normaliser la psyché) : on cherche surtout à comprendre en quoi la personne est unique et comment lui permettre de vivre heureuse, sainement. L’aspect atypique de sa psyché n’est alors plus le problème. Ce qui concerne le praticien, c’est l’accompagnement de l’individu : il doit lui apprendre à se comprendre et à vivre de façon épanouissante avec ses spécificités uniques. Beaucoup d’artistes et de génies ont une structure mentale atypique. La seule chose qui se traite, c’est la souffrance, et non les originalités individuelles.

Le concept d’empowerment, quant à lui, vise à donner aux individus les moyens de s’exprimer et de participer à la prise de décision qui les concerne. Il s’agit de donner aux personnes les moyens de prendre leur vie en main et de devenir actrices de leur propre parcours de soins et de rétablissement.


antipsychiatrie et empowerment

Si mon propos n’est pas de remettre totalement en question le concept de maladie mentale, il me semble qu’il convient de le remettre en perspective : il ne faut pas réduire une personne à une « maladie » mais lui permettre de se projeter dans l’avenir, en étant acteur de sa vie.
En effet si certains tenants de l’antipsychiatrie, dont Szasz lui-même, ont pu avoir des accointances directes ou indirectes avec la Scientologie par exemple, il n’en demeure pas moins que la déconstruction des mythes à la base de la psychiatrie me semble saine !

Si vous voulez reprendre votre vie en main, en apprenant à mieux vous connaître, contactez-moi ! Je serai heureux de vous épauler.

Conseils de lecture sur l’antipsychiatrie :

  • « Psychiatry: The Science of Lies » de Thomas Szasz
  • « The Concept of Empowerment: Implications for Mental Health » de L. David Smith et al.
  • « Recovery in Mental Health: Reclaiming Meaning and Purpose in Life » de Richard P. Bentall et al.

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