On parle souvent de l’Inconscient comme d’un lieu intérieur, ou d’une entité à laquelle certains s’adressent. Il s’agirait d’un autre « nous », inconnu à notre conscience. Dans cet article nous allons voir ce que pourrait être une vision réaliste et nouvelle de l’énergétique psychique.

Je précise ici que je n’entends pas par ce texte professer un quelconque dogme psychologique, mais proposer une réflexion, issue de ma pratique, sur la nature de la psyché humaine et de son fonctionnement.

On remarque souvent dans la littérature psychologique ou psychanalytique que l’on a un certain nombre de dogmes quant à l’inconscient et l’énergie psychique : pour les freudiens, l’inconscient est un topos, un lieu, tandis que l’énergie psychique est essentiellement sexuelle. C’est la libido. Pour les mouvements plus new-age et spiritualistes, l’inconscient serait une sorte d’enfant intérieur : c’est une sorte d’autre conscience qui vit en nous.

De l’inconscient à la nescience

Ce qu’on constate ainsi de prime abord c’est que l’on projette le fonctionnement de la conscience sur tout ce qui échappe à notre compréhension. Même les termes d’inconscient ou de subconscient renvoient à l’idée que tout doit être défini en fonction de la conscience.

Je privilégie donc personnellement le terme de nescience, à savoir « ce sur quoi on n’a pas de science, de connaissance » tout comme la conscience est étymologiquement « ce que l’on sait ». Il ne s’agit ainsi plus d’un domaine, d’un lieu ou d’un réservoir, mais d’une posture particulière de la psyché qui échappe au processus qu’est la conscience. On peut alors classer les processus nescients selon plusieurs axes principaux :

  • Les processus biologiques de base, qui sont dirigés par le cerveau mais qu’on ne contrôle pas : la température corporelle, la transpiration etc. Il s’agit aussi du réceptacle des pulsionnalités et besoins primitifs.
  • Les représentations symboliques et tout ce qui est de l’ordre de l’idée jungienne d’inconscient ou du Mundus Imaginalis : les grandes images allégoriques et analogiques. Ici peuvent autant se retrouver les images dues à l’éducation que celles plus primitives et universelles. Les contenus symboliques procèdent de grands signifiés universels, probablement issus de notre génétique, et abreuvés de grands mythes/expériences fondatrices, qui ensuite se dissocient en fonction de nos origines et de leurs expressions culturelles.
  • Les processus cognitifs à la base même de la pensée consciente comme le traitement des données sensitives, leur stockage etc.

Ainsi l’inconscient n’est pas un autre conscient, ou une altérité intérieure : il s’agit surtout d’un vide au regard du conscient. Tantôt racine de la conscience, tantôt processus divers et parallèles à elle, la nescience est avant tout un ensemble de process internes qui ne sont pas réductibles à la conscience.

De la topique à l’énergétique psychique

C’est Jung qui le premier parlera d’une énergétique psychique complexe qui ne se résume pas à la seule libido. Pourtant, il continuera l’idée freudienne de domaine topique inconscient. Je propose de passer d’une idée de topos à celle de processus : la conscience serait ainsi un processus mental au degré « énergétique » (le terme énergie étant ainsi à prendre comme une image : la psyché n’est pas mue par une énergie physique) variable influençant sa nature.

Ainsi il existerait différents degrés énergétiques de la conscience : au sein de la pensée grecque, beaucoup de théories furent émises, à la suite de Platon, sur la nature de la Psyché. Reprenant certains grands traits de cette pensée je distingue personnellement :

  • La contemplation ou âme enstatique, qui à l’image de ce qu’en dit Plotin est « contact ineffable et inintelligible, antérieur à la pensée » (Ennéades, V, 3, 10). Il s’agit du degré énergétique le plus bas de la conscience. Lié à la fonction d’Instinct, il s’agit de la présence au monde la plus directe : on peut l’expérimenter par la méditation, ou quand on est totalement absorbé dans une action ou un moment. L’enstase est ainsi un état de plongée dans l’intériorité qui peut être vécu comme un retour au zéro psychique.
    L’âme enstatique est un mode de conscience expérientiel.
  • L’âme discursive qui correspond à notre degré énergétique classique et mondain : il s’agit de la parole in petto qui dialogue avec soi-même. Ce mode de compréhension et de contact au monde est binaire : il s’agit de la pensée analytique et discriminatoire qui décortique et réduit à des ensembles de classification les objets.
    L’âme discursive est un mode de conscience communicatif, à la base du langage et permettant le contact et la distinction des deux pôles de la binarité interne/externe, sujet/objet etc.
  • L’intellect ou âme extatique dont la fonction est l’intuition : il s’agit du degré énergétique supérieur de la conscience, pouvant mener jusqu’à l’extase. Cet état est l’opposé de l’enstase et est vécu comme une sorti de soi, ou comme une union au Tout. C’est ce palier énergétique qui permet la compréhension téléologique du monde, et les pensées visionnaires des mystiques par exemple.
    L’âme extatique est un mode de conscience transcendant.

Tandis que l’instinct se rapporte aux réflexes et comportements innés et pulsionnels, mais aussi aux moments où l’on agit sans réflexion préalable pour se prémunir d’un danger par exemple, l’intuition est un mode de compréhension immédiat du réel ne semblant pas passer par les processus analytiques classiques. Ces deux processus sont en un sens des miroirs l’un de l’autre. Leurs natures sont proches mais prennent corps dans des domaines différents (l’agir pour l’instinct, la pensée pour l’intuition).

Je pense que les avancés des neurosciences et des sciences cognitives vont permettre, peu à peu, de se départir des conceptions obscurantistes et du scientisme. J’espère que ma réflexion, éminemment personnelle et donc faillible trouvera son aboutissement, ou sa remise en question dans ces avancées.

La véritable singularité technologique apparaitra à mon sens quand notre Science nous aura permis de commencer à comprendre l’unité intrinsèque entre ce qui nous semble pour l’instant totalement distinct : ainsi le fonctionnement psychique sera-t-il peut-être compris comme un mode d’expression particulier des lois physiques, ce qui permettra d’étendre notre compréhension de la vie et du réel.


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