La question du genre et des différences sexuelles prend aujourd’hui le devant des affrontements idéologiques. Voyons ensemble comment aborder cette problématique de façon tempérée et réaliste.

S’agissant d’un sujet complexe et transdisciplinaire, je précise ici que cet article (écrit dans une démarche de vulgarisation) n’entend pas donner de réponse, mais développer une position qui, je l’espère, conduira le lecteur à sa propre réflexion sur cette problématique.

Déjà il convient de comprendre la distinction que l’on fait aujourd’hui entre sexe et genre à la suite de Margaret Mead : pour résumer, on pourrait dire que tandis que le sexe renvoie aux réalités biologiques, le genre s’incarne dans la symbolique et les codes qui, au sein d’une société, se rattachent à ces sexes. On pourrait mettre cette idée en parallèle de la distinction que Claude Levi-Strauss fait entre la Nature et de la Culture. Pour autant, j’estime que séparer totalement ces deux dimensions est fallacieux : en effet si on peut voir que le genre se rattache à des éléments parfois arbitraires , il y a tout de même des constantes. Par exemple l’association du rose aux filles et du bleu aux garçons à partir des années 50 pour vendre des liquettes sexuées aux parents de nouveaux-nés est un code culturel récent : traditionnellement en Europe le rouge et le rose étaient justement des couleurs masculines, et le bleu une couleur féminine.
Les femmes étant plus fines, plus gracieuses et capables de donner la vie, la plupart des peuples leur allouent une fonction maternelle et privilégient chez elles la douceur, la pédagogie ; tandis que l’homme, devant travailler et défendre le foyer, sera rattaché à des notions de force, de courage et de sacrifice.
C’est le psychiatre et psychanalyste Robert Stoller qui va le premier séparer les notions de sexe et de genre ; cela aboutira au concept d’identité de genre quelques années plus tard. Le genre serait ainsi choisi, et le sexe biologique n’aurait aucun sens en soi.

La déconstruction sexuelle

Comme je l’ai déjà expliqué, la déconstruction atteint tous les aspects de la société : le sexe n’est ainsi pas épargné. Dans les prochaines lignes je vais essayer de rapidement décrire les principaux penseurs qui me semblent à l’origine de l’idée de la déconstruction sexuelle ; je précise ici que je ne pourrais évidemment pas être exhaustif.

Les études de genre (ou Gender Studies) sont un champ interdisciplinaire d’étude qui examine les questions liées au genre, à la sexualité et à l’identité. Le développement de ce domaine a été influencé par des penseurs et des chercheurs qui ont remis en question les normes sociales et les rôles de genre traditionnels. Il faut ici préciser que la plupart, si ce n’est la totalité, des études de genre reposent sur un présupposé constructiviste et non naturaliste ; selon cette idée, les connaissances humaines ne parlent pas du réel, mais ne sont que des inventions humaines qui ne parlent que de l’homme. Ainsi, puisque tout est relatif et faux en soi, alors chacun peut, en un sens, créer sa propre construction.

Les travaux de la biologiste Anne Fautso-Sterling portent sur a remise en question de la conception binaire du genre, dans une optique constructiviste donc. Elle utilise ainsi, dans Corps en tous genres, un argumentaire circulaire à mon sens presque religieux : puisque tout procède de constructions sociales, alors toutes les preuves empiriques, biologiques, bref scientifiques allant dans le sens de la binarité sexuelle sont elles-mêmes biaisées par la construction sociale du genre pré-existante. Tous les arguments allant dans le sens de la binarité sexe-genre sont biaisés, et tous les arguments allant au contraire dans le sens de sa déconstruction sont justes. Après avoir défendu (selon ses dires de façon ironique) l’existence de 5 sexes dans le livre du même nom, affirmant que « le sexe est un continuum modulable à l’infini qui ne tient pas compte des contraintes imposées par les catégories, fussent-elles au nombre de cinq » elle parlera ensuite du sexe comme « différents points dans un espace multidimensionnel » ; s’appuyant sur le cas des personnes intersexes (dont les organes génitaux, l’ADN, ou les hormones ne sont pas typiques de l’un des deux sexes), elle en vient à défendre que toute la structure binaire du sexe est fausse. La psychologue Suzanne J. Kessler quant à elle affirmera à sa suite « Ce qui a la plus grande importance, c’est le genre adopté par la personne, sans rapport avec ce qui se trouve réellement sous ses vêtements ». L’idée même de genre, qui pourtant prend racine chez tous les peuples humains au sein des réalités intangibles du sexe, se retrouve ainsi déracinée : c’est pour cela qu’on voit apparaitre des « genres » du domaine des animaux, des couleurs ou des créatures fantastiques.
La psychologue Sandra Bem quant à elle proposera le Bem Sex-Role Inventory, un test d’auto-évaluation (reprenant l’idée contructiviste et existentialiste de l’auto-détermination de sa propre identité) visant à juger du degré de masculinité ou de féminité des personnes, avec pour visée de prouver une androgynie de nature de chaque humain. Ce test a reçu de nombreuses critiques, notamment sur son aspect d’auto-évaluation, et sur sa prétention à parler d’androgynie ; de même, elle proposera une analyse cognitive de la façon dont les personnes sont genrées dans la société, la Gender schema theory.

John Money, un psychologue américain, a également joué un rôle dans le développement de cette idéologie en poussant les parents de David Reimer, un garçon issu d’une paire de jumeaux qui avait été mutilé à cause d’une circoncision ratée, à l’opérer pour lui donner un corps de femme et l’élever comme tel pour prouver que le genre n’était qu’une construction sociale sans rapport avec le sexe biologique. Bien que cette étude ait été considérée comme une réussite, elle a été plus tard remise en question en raison de la tragédie que Reimer a vécue : en effet cet enfant, après avoir été mutilé une première fois, a été réassigné sexuellement et forcé à vivre comme une fille. Il finira par se suicider après avoir lutté pour qu’on le considère comme un homme.
Les études et conclusions fallacieuses de John Money et son expérience inhumaine sont encore aujourd’hui utilisées pour valider la pensée selon laquelle genre et sexe sont deux réalités opposées.

Judith Butler enfin, une philosophe féministe américaine, est également une figure importante dans les études de genre. Elle a développé la théorie de la performativité du genre, qui met en avant le fait que le genre est construit par la performance et la répétition de comportements et de normes sociales. Dans Trouble dans le genre. Le féminisme et la subversion de l’identité elle décrit le genre comme « une série d’actes répétés […] qui se figent avec le temps de telle sorte qu’ils finissent par produire l’apparence de la substance, un genre naturel de l’être ».
Judith Butler est réputée pour son style masturbatoire et passablement incompréhensible (elle recevra en ce sens un prix par Philosophy and Litterature en 1998) ; pour cette dernière, l’homosexualité comme l’hétérosexualités ne sont que des produits de l’interdit de l’inceste. Ce dernier est une des bases d’une « matrice hétérosexuelle », d’un patriarcat de la pensée : les catégories sexuelles ne seraient ainsi que des armes politiques et culturelles de l’oppression masculine. La catégorie femme ne serait qu’un reflet en creux de l’homme, et ainsi, une féministe se devrait de montrer l’artificialité de la binarité sexuelle. Le genre s’exprimerait tout entier dans un agir qui n’a pas de valeur en soi, et qui n’est interprété comme féminin et masculin qu’à cause de cette même matrice hétérosexuelle qu’elle entend dénoncer. Son but est la mise en place d’un monde post-genré, par une déconstruction radicale des codes sociaux autour des sexes. Le travestissement et la parodie sont ainsi en un sens des genres en soit, aussi réels que les catégories homme et femme ; ou plutôt le genre est parodie par nature, «  une imitation sans original ».

Dans cette pensée, j’entrevois deux objectifs : une visée politique donc et une volonté marchande et capitaliste secondairement. Visée politique d’abord car cette pensée déconstructrice s’inscrit dans une forme de sécularisation du judéo-christianisme (ce que défendait Karl Löwith) : issues du marxisme, les branches majoritaires du féminisme actuel (le féminisme de troisième vague, critiqué pour sa non-scienticité par ailleurs) entendent, comme le plupart des idéologies militantes actuelles, obtenir réparation pour des crimes commis par un oppresseur envers un opprimé. Cette vision eschatologique est une forme politique de religion judéo-chrétienne où il est question de faute et de réparation, d’une population bouc émissaire opprimée universellement par une sorte de complot des puissants ; les militants entendent ainsi aboutir par la lutte à la mise en place d’un monde paradisiaque, égalitariste, d’un nouvel Eden.
De plus, en accolant une dimension militante et politisée presque obligatoire aux personnes se considérant comme transgenre, queer, etc, une communauté émerge, prétendant porter un message politique uniforme : une personne homosexuelle sera ainsi jugée comme partie prenante d’un groupe, culturellement et politiquement uniforme, et portera donc en elle automatiquement les revendications de ce groupe par ses simples préférences sexuelles, quand bien même ne partagerait-elle pas l’idéologie de ce groupe. Sa sexualité devient un militantisme politique en soi d’après les autres, et ce sans même connaître son opinion personnelle sur le sujet, ce qui est problématique.
Paradoxalement cette pensée d’apparence marxiste/marxienne et anticapitaliste est en fait un outil du grand capital : on voit bien combien promptes sont les sociétés à communier aux avis politiquement corrects tout en agissant ouvertement contre ces mêmes idéologies. Mais au delà de ce militantisme marketing, le grand capital utilise les idéologies déconstructices pour permettre de saper les structures sociales qui autrefois permettaient une relative imperméabilité face aux influences externes : famille traditionnelle, cultures locales, religion. L’identité de genre devient ainsi un biais à la fois pour permettre de vendre des produits culturels ciblés à des populations qui se retrouvent, comme je l’ai dit, politisées par défaut ; sur tumblr, de nombreux concepts délirants (et qu’on peut facilement mettre en parallèle des jeux de rôle où chacun peut customiser son avatar selon l’envie) sont aujourd’hui utilisés au premier degré. C’est ainsi qu’on parlera de xenogenres : certaines personnes sont ainsi de genre renard, flaque de couleur, etc. Toute paraphilie, toute déviance sexuelle ou tout attrait est ainsi érigé en identité et donc en objet de revendications, revendications nécessitant un certain nombre d’achats. Car en effet si le genre n’est que performance, alors votre paire de talons est votre genre ; si vous êtes renard, vous devez acheter toute une panoplie d’objets et accessoires vous permettant d’être visiblement identifié comme tel. A partir du moment où l’on dissocie réalités biologiques et genre, alors on rend paradoxalement tout ce qui a trait à l’apparence, à l’achat et au vêtement aussi important que son propre corps : puisque tout n’est que culturel, l’identité de genre est le fruit de votre apparence, lui-même résultat de votre maquillage, de vos habits, bref : de vos achats. La revendication identitaire anarchique, tendant à une liberté absolue et illusoire et tendant à tous les délires (certains s’identifiant donc à des êtres imaginaires ou à des concepts) est un outil, à mon sens, du capitalisme pour pousser à un consumérisme encore plus intrusif qu’il touche à l’intimité humaine la plus essentielle. Imaginer un futur où il sera indispensable d’inventer son propre genre (quoi que ce concept revêtira encore comme réalité) pour disposer d’une identité, identité issue de biens de consommations, me glace le sang : son être sera ainsi réellement issu entièrement d’une démarche d’achat et d’auto-réification.

La réalité biologique des différences sexuelles

La biologie détermine si une personne a des organes reproducteurs mâles ou femelles, ce qui correspond habituellement à sa sexualité, à la structure de son cerveau et à ses préférences. Aucun changement de coutumes, de lois, de croyances, d’endoctrinement ou de pratiques n’a ces effets 

Frank Salter, The war against human nature II : Gender Studies

Si je suis d’accord pour dire qu’il est important de toujours remettre en question ses certitudes, il ne faut le faire que dans le cadre d’une recherche constante de la vérité et non dans l’optique simpliste d’aboutir au zéro. Il est effectivement vrai que les sexes se rattachent à un certain nombre de codes, s’exprimant dans une façon d’être, des comportements, et des habits par exemple. Pour autant on ne peut décemment aboutir à l’idée que la différence homme-femme procède d’un complot du patriarcat : il faudrait alors fantasmer une conspiration internationale, ayant eu cours depuis la nuit des temps, car ces catégories se retrouvent au sein de tous les peuples, malgré les différences de forme. Même au sein de peuples matriarcaux, les catégories de l’homme et de la femme existent et se retrouvent attachés à des rôles stéréotypés dans lesquels on retrouve des invariants communs aux sociétés patriarcales. Prenons l’exemple des Minangkabaus : les femmes sont les seules propriétaires terriennes, et les frères des mères font office de figure paternelle pour les enfants. La sexualité est très libre, et les hommes doivent partir de terres maternelles pour faire fortune et ensuite faire profiter de leur argent à leur village d’origine. On voit bien qu’il existe, par delà les nuances culturelles, une catégorisation homme-femme, avec des places définies. De même au sein de cette culture aussi les femmes et les hommes ont des vêtements spécifiques, et sont régis par des codes. Comment alors prétendre que cette différenciation homme-femme est un sous-produit du patriarcat, conçu comme un système oppressif ? L’espèce humain, comme tous les mammifères, a un dimorphisme sexuel marqué et identifiable tant morphologiquement que génétiquement ; certaines études tendent d’ailleurs à prouver que le degré de dimorphisme sexuel augmente avec la qualité de la santé de la population. Dans une posture scientifique et naturaliste on ne peut affirmer que le fait qu’il existe deux sexes, purement binaires.
De la même manière, s’il est indispensable de lutter contre les stéréotypes sexistes et la discrimination sexuelle, cela n’induit pas qu’il faille nier les réalités sur lesquels ces stéréotypes se basent fallacieusement : ainsi il me semble plus sain d’éduquer, en montrant que l’idée de hiérarchie des sexes est stupide, et que chacun n’a pas à coller à un idéal sexuel absolu (un homme n’ayant pas à être une montagne de muscles pour être un « vrai mec »). Le postulat contemporain entend pourtant faire disparaitre tout concept à partir du moment où ce dernier peut entrainer des discriminations ; ce me semble un déni dangereux.

Sans rentrer dans les détails techniques, les sexes homme et femme s’incarnent normalement dans plusieurs réalités biologiques : la présence de chromosomes sexuels XX pour les femmes, XY pour les hommes. Morphologiquement, l’homme et la femme répondent à un certain nombre de caractéristiques spécifiques (hanches plus larges pour les femmes, pilosité plus importante pour les hommes) etc.
Ces réalités biologiques expliquent certaines constructions sociales autour du sexe : les hommes sont en moyenne plus forts physiquement, et cela serait dû en partie au fort taux de testostérone qui influence le développement musculaire, même si de nombreux facteurs entrent en ligne de compte. La plupart des peuples considèrent ainsi que tandis qu’une femme doit être gracieuse et douce, un homme doit être fort et courageux. Certains biologistes comme Catherine Vidal, prônant la différence genre-sexe, émettent l’hypothèse qu’il n’y a pas de caractéristiques spécifiques aux cerveaux en fonction de leurs sexe. Pourtant la plus grande étude jamais conduite sur ce sujet tend à prouver rigoureusement le contraire ; de même dans un article, le neuroscientifique Apostolos Georgopoulos affirme que « les cerveaux des femmes sont définitivement différents de ceux des hommes » ; de même selon la neuroscientifique Sandra Witelson, les cerveaux des fœtus masculins sont définitivement changés par la testostérone.

On utilise souvent le cas des personnes intersexes pour légitimer la déconstruction du rapport sexe-genre. Je pense qu’il est important de proposer une voie médiane et plus saine de cette problématique. En effet on assiste, face à cette question, à une opposition frontale entre d’un côté ceux qui traitent le sujet de l’intersexualité comme une simple anomalie qui ne vaut pas qu’on s’y attarde, et de l’autre ceux qui veulent changer la définition même du sexe à cause de l’exception qu’est l’intersexualité. Déjà il faut comprendre qu’intersexualité et transexualité ne représentent pas la même réalité : les personnes intersexes sont issues d’une réalité biologique particulière. Ce peut être des personnes XX ou XY ne correspondant pas morphologiquement à leur sexe génétique (comme dans le cas de mâles n’assimilant ou ne produisant pas de testostérone), ou des personnes ayant des cas particuliers au niveau génétique (XXX, XXY, etc) ; ils ne correspondent pas à un troisième sexe en soi, mais à un spectre de particularismes hormonaux ou génétiques, le sexe étant en soi binaire.
La médicalisation forcée des personnes intersexuées est un drame humain : si on peut comprendre qu’on opère un bec de lièvre chez un bébé au vu du désagrément physique et esthétique de cette affection, et que de la même manière on peut entendre qu’opérer des petites lèvres fusionnées soit normal, il est inadmissible que des médecins décident arbitrairement du sexe de personnes intersexes. En effet, dans de nombreux cas, il ne s’agit pas de la malformation d’un garçon ou d’une fille au sens biologique, mais bien d’une réalité plus complexe. On voit ainsi des bébés mutilés pour correspondre à un sexe classique sans que leur avis ne soit demandé ; c’est tout aussi choquant que les transitions sexuelles d’enfants. Et cela interroge en effet sur la possibilité de laisser une place à cette minorité sexuelle : Il existe une infinité de variantes dans l’intersexualité, et ce me semble être à l’origine de la présence du concept de troisième sexe chez de nombreux peuples traditionnels. Ainsi on retrouve en Inde les Hijra, qui sont à l’origine un groupe de membres de ce troisième sexe, avant de regrouper aussi les personnes transsexuelles. On pourrait très bien imaginer retourner à cette conception pour ces personnes sans que ne soit altérée pour autant la structuration des deux sexes principaux. Rappelons que l’intersexualisme touche entre 0,018% et 0,37 % ; si ce n’est pas négligeable, on ne peut pas modifier les règles claires qui régissent les différences sexuelles humaines par rapport à des cas particuliers. De la même manière, ces cas étant très souvent rarissimes et parfois même presque uniques, il est important de proposer à ces personnes un accompagnement leur permettant, à la majorité, de choisir s’ils veulent être opérés, suivre un traitement ou simplement assumer leur particularisme sexuel.

Le syndrome de Dysphorie de genre quant à lui est purement d’essence psychologique (quoi qu’il pourrait avoir des origines génétiques) : il s’agit du dégoût profond pour son sexe biologique de naissance, pouvant aller jusqu’à la mutilation ou au suicide. La transsexualité procède de cette idée : la dysphorie de genre est une condition psychologique complexe très difficile à vivre pour ceux qui en sont atteints. Il est ici important de rappeler qu’il est absolument inadmissible de discriminer une personne sous prétexte de sa dysphorie de genre ; il est néanmoins important de se poser les bonnes questions. L’opération de changement de sexe est coûteuse, et ne semble, d’après les recherches actuelles, pas baisser le taux de suicide alarmant des personnes atteintes de dysphories. En effet, changer de sexe est une impossibilité biologique ; une personne dysphorique n’est pas mentalement du sexe opposé au sien, mais s’identifie à l’idée (souvent idéalisée) qu’elle se fait de l’autre sexe. La dysphorie de genre se rattache donc aux troubles somatoformes comme la dysmorphophobie (la peur d’être laid ou difforme), voire dans ses cas extrêmes à l’apotemnophilie (l’envie ou besoin irrépressible de se faire amputer). La transvalidité (qui consiste à se considérer handicapé quitte à parfois mutiler son corps volontairement), le transspécisme (le fait de se considérer comme un animal) ou du transracialisme (le fait de se considérer comme d’une autre origine ethnique que celle de naissance) sont autant d’affections psychologiques comparables. Face à cela certains défendent l’utilisation d’opérations. Or c’est nier que ces désirs sont chimériques : on ne peut pas plus changer d’espèce que de sexe. Les opérations en ce sens ne sont que des succédanés de traitements, qui, à mon sens, ne répondent qu’aux symptômes et non à leur cause : tenter d’accompagner, sans jugement ni stigmatisation, les personnes dysphoriques pour les aider à aimer leur corps me semble plus sain. C’est là où le questionnement sur les aspects culturels du genre est important : nous sommes tous différents, et un soldat très grand et musclé est tout autant un homme qu’un scientifique ou un esthète. Et ce n’est pas parce que l’on doit cesser d’avoir une vision caricaturale du rapport sexe-genre (par exemple considérant que les cheveux longs sont féminins, et les cheveux courts masculins) que cela en invalide la valeur ; les personnes atteintes de dysphorie de genre se sentent souvent incompatibles identitairement avec l’image qu’elles ont de leur sexe de naissance, et c’est cette image qu’il est important d’étendre et de dé-stéréotyper.
En effet les dé-transitions sont nombreuses et catastrophiques puisque souvent en grande partie impossibles ; l’argent est là encore un moteur important, ce me semble, de l’actuelle vision de la transidentité. Une opération de chirurgie esthétique rapporte bien plus que des séances thérapeutiques.

(…) le savoir basé de moins en moins sur le fait de trouver la vérité et de plus en plus sur le fait de s’occuper de certaines “complaintes” est devenu établi, presque totalement dominant, au sein de [certains champs des sciences sociales], et les chercheurs brutalisent de plus en plus les étudiants, les administrateurs et les autres départements qui n’adhèrent pas à leur vision du monde.

Helen Pluckrose, James Lindsay, Peter Boghossian, dans l’article Academic Grievance Studies and the Corruption of Scholarship

Beaucoup de scientifiques parlent de l’aspect pseudo-scientifique et orienté des thèses relatives à l’identité de genre. La canular Sokal au carré est l’image même de l’aspect hautement discutable des thèses post-modernes sur les différences sexuelles : Les chercheurs Helen Pluckrose, James Lindsay et Peter Boghossian ont mené une expérience pour dénoncer les dérives idéologiques dans certaines disciplines scientifiques, en particulier les études culturelles et identitaires. Ils ont rédigé vingt fausses études volontairement farfelues et biaisées, qu’ils ont soumises à plusieurs revues de sociologie universitaires. Quatre de ces études ont été publiées, trois autres acceptées en vue de publication, six rejetées et sept étaient encore en cours de révision.
Les thèses avancées dans ces études étaient absurdes, comme la création d’une nouvelle catégorie de bodybuilding pour obèses pour lutter contre l’oppression des gros, l’encouragement des hommes à utiliser des sex-toys anaux pour lutter contre l’homophobie et la transphobie, l’aspect intrinsèquement sexiste de l’astronomie, ou la nécessité d’enchainer les étudiant blancs et de les installer par terre lors des cours. L’un des documents a été créé en utilisant un générateur de poésie adolescente, et un autre est une simple copie d’un chapitre de Mein Kampf avec des termes propres au vocabulaire féministe. La supercherie a été révélée en octobre 2018, forçant les trois auteurs à mettre fin prématurément à leur expérience ; avant cela, en 2017, James Lindsay et Peter Boghossian ont mené un autre canular en publiant une étude soutenant que le pénis était une construction sociale responsable du réchauffement climatique.
Suite à ces canulars, plusieurs scientifiques, dont le biologiste britannique Richard Dawkins, le philosophe Daniel Dennett, le politologue Yascha Mounk et le psychologue cognitiviste Steven Pinker, ont remis en question l’intégrité académique des universitaires membres des comités de lecture des revues spécialisées en études de genre. Le biologiste Ulrich Kuschera qualifie quant à lui les études de genre de « pseudo-science comparable au créationnisme ».


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