Ces deux concepts, pourtant liés et utilisés comme synonymes de nos jours, se réfèrent à deux réalités différentes : d’un côté l’individu est « ce qui ne peut être divisé ». Il s’agit du plus petit dénominateur social. Votre individualité est ce qui est unique chez vous, c’est la base de votre identité.
La personne maintenant se réfère à la socialisation : en effet, ce concept provient du latin persona qui désigne le masque des acteurs antiques. Ce masque servait à la fois de porte-voix, mais aussi permettait d’incarner une divinité ou un héros : l’acteur portait sur lui le masque d’Hercules ou de Mars, et c’est comme cela que les spectateurs pouvaient comprendre son rôle, son personnage.

Ainsi, on pourrait dire que l’individualité représente qui vous êtes pour vous-même, tandis que la personnalité représente la façon dont vous agissez, et donc qui vous êtes pour les autres. Ce sont deux faces d’une même pièce.

En allant plus loin, on pourrait voir notre identité comme un ruban de Möbius, c’est à dire comme un ruban à une seule face, dont l’intérieur et l’extérieur ne sont qu’illusoires et forment en réalité un tout. L’individualité est l’autre dans le moi, l’objet dans le sujet, il s’agit de la part d’altérité intrinsèque à l’existence : nous ne choisissons pas notre naissance, notre génétique, qualités et défauts innés, ni les évènements qui adviennent à nous. Pourtant notre individualité est paradoxalement toute issue de ces « hasards » : notre couleur d’yeux, de peau, notre voix, notre rire, nos goûts et peurs, rêves et traumas, sont autant de choses qui ne tiennent qu’à nous et nous définissent sans qu’on en soit réellement les auteurs. A l’inverse, notre personnalité est notre moi pour l’autre, le sujet dans l’objet : la personne est l’être en tant qu’il est image, qu’il se montre et agit dans son environnement en contact avec les autres. La personne est toute issue de codes communs (la langue, les lois, la morale, les us et coutumes, l’éducation), et s’exprime notamment par le vêtement, le nom que l’on porte, notre communication verbale ou corporelle, notre milieu et le métier que l’on pratique.
Ainsi, on pourrait dire que tandis que l’individualité est plutôt intérieure et « invariable », la personnalité est extériorisée et relative, même si comme nous l’avons vu, ces deux concepts s’entrecroisent et se chevauchent.

Prenons l’exemple de la morale : d’un côté une personne individualiste aura tendance à pencher vers l’égocentrisme, le darwinisme social, les idéologies basées sur la hiérarchie et le culte du pouvoir individuel et déshumanisant. D’un autre côté, le personnaliste sera allocentré, cherchera en permanence à se faire passer pour quelqu’un de bon et à combattre l’intolérance quitte à devenir lui-même un inquisiteur moderne, et à prôner un égalitarisme totalitaire.
A mon sens, la voie de l’accomplissement de soi passe par un équilibre : à l’instar de l’individuation prônée par Jung, je pense qu’il nous faut tendre à la singularisation. Il s’agit de savoir à la fois quels sont les processus qui nous meuvent, trouver quelles sont nos valeurs transcendantes et ce pourquoi l’on avance, mais en même temps pouvoir donner le change et être dans le monde comme on le désire, selon ce qu’on désire accomplir.

Comme Dali, il nous faut savoir nous faire pousser une moustache délirante pour que, tandis que la foule la scrute avec étonnement, nous puissions être nous-même, cachés dans le regard des autres.


Au sein de notre société individualiste, il semble que les publicitaires nous vendent des produits pour qu’on affirme notre personnalité : la frontière entre identité, individualité et personnalité est devenue floue. D’après vous quelle en est la raison ? Je serais très intéressé de lire vos réflexions en commentaire !

Si vous avez envie de commencer le voyage vers votre singularité, n’hésitez pas à me contacter pour que nous mettions en place un accompagnement !

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