Brendan Fraser a reçu hier l’Oscar du meilleur acteur pour sa poignante performance dans le film The Whale : au delà de l’accomplissement voyons en quoi cette victoire représente une réparation pour cet acteur mythique.

Je trouve intéressant de parler de cette actualité car elle représente très bien le processus de réparation psychique : Brendan Fraser a subi des traumatismes physiques par des accidents successifs lors de cascades. Il a divorcé, perdu sa mère, et enfin subi consécutivement une agression sexuelle de la part du producteur Hollywoodien Philip Berk et sa disparition du grand écran.

Son rôle dans The Whale est intéressant en ceci qu’il lui a fait symboliser ses traumas par une histoire proche de la sienne : il a avoué s’être considéré comme un loser, tel Icare qui après le succès est retombé dans l’oubli. Sa performance sonne juste car elle lui permet d’exorciser ses démons, sa peur de l’oubli, de l’échec, sa haine auto-centrée ; elle sonne juste car elle parle de lui ! C’est quand la frontière entre le jeu et la réalité devient diaphane qu’une performance nous touche. The Whale est ainsi désarçonnant parce que c’est un film éminemment réaliste : Fraser sublime ainsi ses démons, et utilise son besoin de réparation pour incarner la nécessité de rédemption du personnage principal.
En effet s’il y a bien un thème commun chez les victimes, surtout d’agression sexuelle, c’est la culpabilité et la haine de soi : toutes pensent être au moins en partie responsables de leur agression. C’est encore plus vrai dans le cas des hommes victimes. La conception traditionnelle de l’homme considérant que ce dernier ne doit jamais montrer de faiblesse, l’agression sexuelle devient une double peine : en plus du trauma, l’homme victime est ridiculisé, et se voit castré. Il n’est plus vraiment un homme, et son agression devient prétexte à des blagues potaches ; c’est aussi ce qui explique que l’écrasante majorité des agressions faites aux hommes ne soient jamais dénoncées.
Par ce film, Fraser reprend le contrôle, et son Oscar est aussi l’occasion, pour Hollywood, de tenter de réparer les torts causés à cet acteur mythique.

Ainsi les hommes victimes doivent-ils réprimer, nier leur souffrance. L’intérêt du théâtre, de la performance artistique, c’est qu’ils procèdent tous de l’exorcisation par le jeu symbolique. Le cerveau simule le réel en permanence, aussi le fait de faire semblant nous permet-il d’aller réellement mieux. En effet l’Imagination active, et toutes les formes de thérapies basées sur la simulation comme le psychodrame, permettent de passer outre nos blocages et de nous faire revivre des traumas de façon détournées.
Dans The Whale, Brendan Fraser nous présente un homme qui tente de renouer avec sa fille, qu’il a abandonnée ; il est brisé, enfermé dans son existence, et dans un corps qui est en train de le tuer. La vision de la corporalité y est saine parce que réaliste, quoi qu’aient pu en dire les critiques ; elle permet qui plus est de symboliser l’intériorité du personnage et de soin vécu. Il est écrasé par son corps comme par sa culpabilité.

Exorciser ainsi son histoire personnelle, en recrachant son désespoir et ses peurs plutôt qu’en les rejetant permet à Brendan Fraser, en plus de nous livrer un spectacle mémorable, de réparer à la fois son âme, mais en plus de réintégrer le Cinéma, cet art qui l’avait rejeté. C’est une performance exemplaire, et je pense que nous pourrions tous apprendre de cette réparation !


Qu’avez-vous pensé de ce film et de la performance de Fraser ? Parlons-en en commentaire !

Si vous souhaitez apprendre à réparer vos traumas et vos actes manqués par des techniques d’expression artistique, prenez rendez-vous dès aujourd’hui !

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